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Le Troisième Wagon
Le Troisième Wagon
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18 juillet 2006

KaloTaxidI

kalo_taxidiDes bateaux qui passent dans la nuit. amenez moi cet horizon; j'arriverai par la mer, je prendrai le grand ferry blanc, celui qui ronronne en attendant l'écume. J'ai encore mon billet de passage, 3 morceaux de papier agraphés des lignes Agapitos. Je voyage sur le Posidonis Express. 4700 drachmes, c'est peu cher payé pour laisser Poseidon me porter. A cette époque de l'année, au mois de Fevrier, nous sommes peu nombreux sur le pont. La mer n'est pas encore douce, il fait froid, il pleut une eau lourde et glacée et le vent éparpille les embruns contre la joue. Je n'ai pas prévu l'hiver et je me recroqueville dans mon siège, balottée à peine sortie du port. Je suis bel et bien dans le présent, je dévore ma tiropita avec un rien d'angoisse, les vagues sont hautes et l'eau est noire. Autour de moi, c'est la pantomine habituelle, les enfants qui courent, les familles partageant un gros pain, étalées à même le sol sur des couvertures; mais cette fois ci, la pantomine est exclusivement Grecque. Pas de touristes ivres profitant des ces 8 heures pour boire de la bière, pas de touristes à moitié nus sur le pont, pas de touristes sans retenue à force de se sentir trop libres. C'est l'hiver, le bateau est accroché aux vents et à la mer, nous buvons du thé chaud et les haleines laissent une trainée brumeuse sur les hublots.

J'aime l'atmosphère des ferries. Toutes ces années de Grèce ne m'ont jamais convaincue de prendre un de ces flying dolphins 2 fois plus rapides; on ne peut pas sortir sur le pont, l'habitacle est petit, on n'a pas le temps de se faire au voyage. Il n'y a pas d'espace, pas d'aventure, on est coupé de la mer. Et puis, dans les flying dolphins, il n'y a pas de yaya ventrues assises sur des couvertures à carreaux, distribuant des gâteaux et des olives. Un ferry, c'est toujours une aventure, avec ses 3 étages et ses bancs de bois vert écaillé poussés entre les cordages, son ronronnement de gros chat métallique, ses marchands de koulourakia et ses mauvais films en noir et blanc. On se sent vite sale et collant dans l'atmosphère poisseuse des coursives, ensommeillé et mal bercé par la houle, mais il y a des sourires, du bruit, des mouvements furtifs pour remettre en place une couverture, des baillements,il y a une vie entourée de mer. Elle est immense dans le crépuscule qui arrive, la mer. Elle se découvre lentement dans la lumière, grise et verte sous le plomb du ciel, elle respire, il faut s'accorder à ses mouvements; Sinon, le coeur et le ventre se soulèvent. J'achète un paquet de biscuits Papadopoulos et je monte les croquer sur le pont, tout en haut, pour voir le plus loin possible. Le vent me fouette et me fouille les cheveux, les mains, la poitrine. Je regarde en arrière, le continent a disparu depuis longtemps, happé par la nuit et le sillage d'écume du Posidonis Express.

Bon voyage. Kalo Taxidi.

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