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Le Troisième Wagon
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21 août 2006

Un Dimanche à la montagne. Part 1.

CA0TI301              Observez attentivement la carte postale ci-contre; il s'agit d'une vue d'Evian-les-Bains. En haut à gauche, vous pouvez admirer une fière montagne qui gratouille le ciel dans le crépuscule: la dent d'Oche.

Mon ami Lau a déboulé de Paris Vendredi pour venir respirer le bon parfum de montagne, de fromage et de bouse de sa Haute-Savoie natale. Il a subi voilà 25 ans un sevrage douloureux et n'aime rien tant que crapahuter comme le jeune cabri qu'il n'est plus lorsqu'il prend des vacances, ce qui est radicalement opposé à MA conception des vacances (qui consiste à s'étaler de la crème sur tout le corps avant de sombrer dans un état de stupeur mentale devant la mer). Cependant, je suis une amie attentive, et je ne désespère pas d'aimer un jour mon pays montagneux pour ce qu'il est: une vaste carte de chemins caillouteux qui montent et qui descendent vers nulle part (entendez par là un alpage, un lac gelé, un refuge à raclette, une édelweiss ou un couteau Suisse); j'ai donc hier, pour la première fois en 10 ans, accepté de suivre Lau, Jaco et toute l'équipe au sommet de la dent d'Hoche. But Avoué: ça me fera du bien et ça me raffermira la fesse. But inavoué: vous me foutrez la paix pendant les dix prochaines années et il sera alors trop tard pour grimper vers les étoiles, je serai grabataire au dernier stade (trop de stupeur mentale accumulée), et de toute manière, j'aurai épousé George Clooney..

COMMENT CA SE PASSE POUR MONTER: Il faut choisir dans sa garde-robe les vêtements adéquats (je ne dispose ni de knickers en velour, ni de chemise à carreaux, ni de chaussettes en grosse laine, ni de chaussures de montagne. A ce sujet, je trouve d'ailleurs que la tenue montagnarde est assez peu glamour). On m'a prêté des chaussures rigides comme du bois avec plein de lacets à nouer entre eux selon une loi qui m'échappe, une laine polaire (rien que le mot "polaire" me fait frémir, j'y vois le spectre de Paul Emile Victor et de ses expéditions par -112° au fin fond de l'antarctique) et un sac-à-dos bourré de gourdes, de saucissons, d'oeufs durs et de pain de campagne (il fallait le dire que vous aviez besoin d'un sherpa), et on m'a benoitement annoncé, au pied du chemin, qu'il nous faudrait environ 3.30 de grimpette pour parvenir au refuge. Comment? 3.30? Ce ne serait pas plus simple que je vous attende à la voiture avec un bouquin, au cas où un ours voudrait nous la dérober? Là, le cauchemar commence. ça attaque par un raidillon de la mort à peine plus large qu'une flûte-à-bec et truffé de cailloux pointus sur lesquels on dérape en soufflant. J'ai très vite été distancée, ce qui ne me dérange pas dans la mesure où je préfère être seule dans ce genre de situation (inutile d'envisager de faire la causette, les poumons sont occupés à vous faire respirer une dernière fois et votre voix est réduite à une espèce de coâssement tragique), et le groupe m'attendait au départ d'une ligne de crête particulièrement dangereuse (je serais assez pour le port du parachute obligatoire). Je suis sujette au vertige; au pied d'une falaise, mes jambes deviennent comme de la laine et je suis irrésistiblement attirée par ce petit morceau de rocher, là, tout au fond du précipice. C'est donc en sandwich (Lau et Jaco dans le rôle du pain, moi dans celui de la tranche de jambon) que nous avons franchi l'obstacle à vitesse réduite, pour repartir de plus belle sur un second raidillon. Je peux fumer une cigarette avant? A ce stade de l'expédition, inutile de vous dire que je pense à tout sauf à m'esbaudire sur trois bouquetins; par contre, la horde de choucas qui nous survole me fait assez penser au film d'Hitchcock. Il est 16.30, nous n'en sommes qu'à la moitié du chemin, et nous allons finir écrasés par un morceau d'ardoise, les yeux dévorés par des bêtes nuisibles; et je n'ai même pas dit au revoir à ceux que j'aime (et qui ont sans doute eu le bon sens d'aller voir "MiamiVice" cet après-midi). C'est dommage. Je vous passe les détails suivants qui n'ont pas vraiment d'intérêt, puisqu'ils ne sont que la redite de l'épisode précédent. Par contre, ma voix a changé. Je produis à présent des sons qui indiquent nettement une carence en quelque chose, comme s'il fallait me graisser les cordes vocales avec du saindoux; et c'est un grand machin tout rouge et indéterminé qui aborde d'un pas chancelant la plateforme métallique du refuge.

Suite au prochain post: comment dormir dans un refuge.

PS: je signale à celles et ceusses qui m'envoient des e-mails pas le fil d'Ariane qu'ils ont intérêt à ne pas être trop pressés pour la réponse, j'en reçois certains en différé de 2 ou 3 jours, d'autres en mode aléatoire (ne parlons pas de ceux qui se perdent dans le vaisseau galactique du capitaine Kirk) grâce à l'incomparable efficacité de monsieur nOOnOOs, qui pactise avec les gastéropodes (c'est un choix).

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Commentaires
B
pour l'instant, je serais plutôt heili heilo je sors du boulot; et sous la plage, j'ai trouvé des pavés...;-)))))<br /> Râleur, accroche toi à la plume, je retire l'échelle! (mais une plume, c'est fait pour voler)
L
... mon coeur amoureux ...<br /> Suspendu à ta plume, en attendant la suite !<br /> Bisous.
E
un Dirndel en vichy rouge, un tablier blanc et des nattes.<br /> Heidi, heido, vla Bille qui rentre du boulOt, Blanche-neige aux sept mains. La reine de la (l)page
B
mon Nola, tu ES un point sensible;)))))<br /> <br /> Mister President:<br /> 1) vous rigolioutes? le saucisson du bouchon, il y a lulurre que je l'ai dévoré à dents nues!<br /> 2) Il faut toute proportion garder. 1 choucas+1 chignin, s'il s'agit d'un chignin Bergeron.<br /> 3)Vous savez ce qu'elle vous dit l'abominable Bille des Neiges?
J
Cher Yéti,<br /> J'apprends avec intérêt que vous pouvez passer de la bamboche à la Dent d'Oche (hihihi). J'ai nonobstant quelques questions :<br /> 1) Le saucisson dans votre sac était-il celui qui avait déjà fait le bouchon de retour de Lyon, assis à la place de George C. ?<br /> 2) Est-ce de la crème de reblochon que vous tartinez sur votre choucas (corbeau) avant les stupeurs marines ? Et dans quelles proportions faut-il l'alonger au Chignin ?<br /> 3) Pouvez-vous appeler FR3 Rhônes-Alpes ? Ils voudraient aquérir les droits vidéos du passage de l'Abominable Bille des Neiges dans des alpages où il n'y a pas un bistrot décent. Il y a certainement quelques roupies népalaises à se faire.<br /> Bon... je vois que tout ça ne sherpa à grand chose...
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