Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Troisième Wagon
Le Troisième Wagon
Archives
Derniers commentaires
18 septembre 2006

Des PâtreS et Des MoineS? Où ça?

chateauAmi lugubre, bonjour. Laisse moi te narrer la journée d'hier et tu comprendras que ton moment glauque, c'est un soufflé de gnognotte. Depuis des années, j'essaie. J'essaie de m'intéresser à la journée du patrimoine, j'essaie d'avoir une illumination. Je trouve ça drôlement chouette, dans l'absolu, de savoir d'où nous venons historiquement, de fouler les vieilles pierres et de s'esbaudir sur une vieille patte en lambeaux ayant appartenue à un grand Duc local qui faisait des brisolées dans sa cheminée pendant qu'à l'étage inférieur, on arrachait des ongles et on écartelait des membres (je peux faire plus long si vous voulez); mais voyez-vous, je trouve le moment historique un rien lourd à insérer dans le quotidien. Ce doit être parce que je ne suis pas encore assez vieille, pas encore suffisamment proche du moment où il me faudra tésauriser l'histoire afin de me faire croire que je suis, en quelque sorte, immortelle.

Donc, hier, nous sommes allés visiter le château de Clermont, dont Zelda et moi avions entrepris l'exploration frauduleuse avant de nous faire lamentablement épingler dans une cuisine médiévale (je te rassure, Zelda, il n'y avait pas de guide, à part le chevelu étrange qui m'a regardée avec un air de "tiens, il me semble vous connaître"). En plus, il y avait sous les voûtes une table ronde réunissant les écrivains Savoyards (car en Savoie, il n'y a pas QUE du reblochon et des luges), ce qui apportait à l'histoire un petit côté culture assez séduisant, à priori.  Quelqu'un pourrait me dire pourquoi il semble impossible, dans ce pays de vaches et de montagnes, de trouver des écrivains faisant autre chose que l'apologie du terroir, de la réhabilitation des loups et des ours, ou qui racontent l'histoire de Fanfoué le ramoneur? Je veux dire que tout ça, c'est absolument sinistre. Sur les jaquettes, on retrouve immanquablement une montagne, une vieille église ou un lac (ou un ramoneur), ce qui donne une impression d'intemporalité bouseuse dont nous ne sommes pas sortis depuis des lustres. Comme si pousser une charrue en 2006 donnait à l'auteur toutes ses lettres de noblesse; je suis navrée, mais j'ai connu plus festif que prendre mon bâton de pèlerin et aller faire en sabot la route du reblochon. Donc, amis écrivains ET Savoyards, ratissez un rien plus large, nous en sortirons tous grandis et ça nous évitera de n'avoir notre place que dans les foires agricoles.

Rien ne m'énerve d'avantage que les écriteaux "ne pas toucher"; mettez un écriteau "ne pas toucher" sur n'importe quoi, fusse un piège à loups, et ma main, mûe par une volonté qui lui est propre, va s'avancer lentement jusqu'à l'objet interdit. Là encore, je suis navrée, mais le rapport à l'oeil ne suffit pas (sauf s'il s'agit d'un rapport sexuel gratuit et inattendu, auquel cas le panneau "ne pas toucher" n'a plus lieu d'être). ça a commencé dans la cuisine du château (celle là même où Zelda et moi nous sommes faites vertement rabrouées), avec la mise-en-scène de la préparation du pain (sponsorisée soit-dit en passant par une chaîne de boulangeries industrielles alors faudrait voir à assurer une certaine cohérence); croyez moi si vous voulez, LA FARINE ETAIT COLLEE SUR LA TABLE (je le sais parce que je l'ai touchée, en dépit du petit panneau maudit), ainsi que les fausses poires, le faux raisin, la fausse miche ( on ne sait jamais, des fois que quelqu'un veuille remplir son sac-à-main de farine et de fruits en plastique); par contre, j'ai bien noté que les serpettes étaient à disposition, et bien aiguisées (je le sais parce que je les ai touchées, en dépit...etc etc). Et ce qui devait arriver arriva, un cerbère dévoué à la protection des kitcheries de plastique du château s'est collé à mes semelles et ne m'a plus lâchée. C'est horriblement frustrant, et très désagréable, de sentir sur sa nuque un souffle constant, pendant que dans les couloirs, des hordes d'enfants dressés pour tout saccager hurlent à la mort en faisant tomber des armures. On finit par se dire qu'il viendra un jour où un gant de boxe surgira d'un replis de l'espace au moindre geste suspect, ou qu'on vous coupera les 2 mains avant de vous balancer dans une salle truffée d'objets précieux mis sous cloches et protégés par une forêt de faisceaux laser tueurs. ça, ce sera de la VRAIE perversité.

Bref, la journée du patrimoine ne fut pas en succès, et nous avons fini notre journée épeuffés dans un canapé à boire un bon petit verre de Bourgogne et à dévorer un Saint-Genix (attention si vous cliquez sur le lien, baissez vos HP (ou mieux, neutralisez-les, c'est une abomination), ça pulvérise les tympans MAIS ça vous donne la recette, on ne peut pas tout avoir), devant un film épatant: "des garçons épatants", justement. Parce qu'apès tout, le patrimoine, c'est un peu nous, et en ce qui me concerne, il arrive fréquemment que l'on me foule comme une vieille pierre.

Publicité
Commentaires
M
trop heureuse ce soir pour être finaude.<br /> Je dirai juste: Amédée sir(s).<br /> ;-)))))))))
J
Amédée licieuxzamisdevacances
Y
Amédée 3 de Gibraltar
M
Amédée bile
J
Amédée... buts
Le Troisième Wagon
Publicité
Publicité