Remarquez bien, j'aurais pu tomber
Comment ça va aujourd'hui? (question intro, c'est une amélioration quotidienne. Je me demande jusqu'où ça ira).
Il m'est arrivé un truc idiot, j'ai comme l'impression que celui qui me dessine a mis un V6 dans son stock de gamelles, et qu'il s'amuse à me le coller aux fesses depuis quelques jours. Il se lassera avant moi, le vil gredin. Voyez vous, ce matin, à l'heure à laquelle vous vous curiez la narine avec votre crayon (ou quel que soit l'acte répréhensible que vous ayez été en train de commettre, je ne veux pas le savoir, c'est votre vie), j'étais suspendue entre 2 étages (autant dire entre la vie et la mort). Je sais, ça a l'air dingue. En fait, hier soir, après une délicieuse journée de pruneau consacrée à l'art de ne rien faire en milieu citadin, je me suis invitée à dîner chez mon ami Guy. Ne rien faire, c'est aussi éviter de cuisiner, soyons cohérent. Le repas s'est assez bien passé, nous nous sommes jetés des boulettes de mie de pain au visage, nous avons fait des tâches de sauce sur la nappe, nous avons joué aux chaises musicales (j'ai perdu) et nous avons gaiement devisé de sujets divers et variés, c'était léger comme tout (sauf le gratin de courge aux châtaignes). Je ne sais pas vers quelle heure je me suis assoupie sur le canapé (il me semble que c'était juste après le générique de "des racines et des ailes" mais je n'en suis pas certaine parce que j'avais fermé les yeux pour mieux entendre depuis pas mal de temps), mais Guy, en homme du monde, ne m'a pas réveillée, m'a posé une couverture de survie sur le front et est parti se coucher. Ce matin, je me réveille toute hébétée, certaine d'avoir été kidnappée dans la nuit par des membres de la loge P5 (Guy a des murs en béton ciré en tout point identiques à ceux d'une cellule). Petit à petit, des fragments m'ont permis de me situer géographiquement, j'ai déjeuné (les membres de la loge P5 n'ont pas de Chocapik dans leurs placards, je ne crois pas qu'ils s'intéressent à des détails aussi triviaux), j'ai pris ma douche (ils n'ont pas non plus de savon Petit Marseillais aux extraits de jasmin, pour les mêmes raisons); j'avais tout un tas de petits trucs à faire avant le déjeuner. Et je déjeunais avec mon ex, ce qui est toujours annonciateur d'une franche partie de rigolade. Mais Guy était parti travailler, et avait fermé la porte à clefs (au petit matin, le pauvre est la reproduction légèrement déformée des montres molles de Salvador Dali, au propre comme au figuré). Et Guy travaille à 80 km. J'étais donc enfermée (le syndrôme loge P5).
Pragmatique, je sors sur le balcon (après avoir balancé une bordée d'insultes capitaine Haddock et brisé quelques objets précieux) et je me penche dangereusement pour tenter d'apercevoir les voisins. Je vois madame, j'agite une main en braillant, madame ouvre la fenêtre et je lui raconte mon histoire. En fait, pour sortir de cette geôle, il me suffit d'enjamber la balustrade, prendre appui sur la sienne, faire un grand écart de 3 mètres et me souvenir que le nom civil de Spiderman est Peter Parker. N'empêche, c'est drôlement impressionnant quand vous vous déchirez le pantalon sur un tuteur de bambou, vous avez l'impression de vous être tire-bouchonné un muscle. J'ai gracieusement atterri sur le balcon voisin, vêtue d'un jean béant et d'une chemise issue du plissement Hercynien (ne me dîtes pas que vous avez oublié vos cours de géographie, ça me décevrait beaucoup). Les pantalons en lambeaux sont peut-être du dernier chic chez les pubescents, mais à mon âge, ça frôle le cas clinique; je suis certaine que ma fesse droite a attrappé la grippe. Encore maintenant, elle me parait fiévreuse. Je ne sais pas ce qui m'a retenue de retourner chez Guy pour lacérer deux ou trois tableaux. La peur, sans doute.
Et je n'ai pas osé raconter cette histoire à mon ex, ça lui aurait donné une raison de plus.
PS: Une information de taille vient de tomber de mon portable. Le mois prochain, j'interviewe les frères MALAKOFF BOGDANOFF. Quelqu'un aurait une vieille K7 pourrie de "temps X"? (remarquez, peut-être qu'ils sauront où se situe la dimension des monopodes qui piquent les chaussettes, les chapeaux de tomate et les petites cuillères, je vais être courtoise)