De l'art de Rester zen quand on est b(r)onze
Je n'ai pas d'affection particulière pour l'auto-bronzant. Vous allez me dire que ce n'est pas ce qu'il demande, mais en vérité, vous n'en savez rien. Parce que personne n'a encore jamais songé à sonder les états d'âme d'un auto-bronzant, et que si ça se trouve, c'est très profond, un auto-bronzant (je viens de découvrir la théorie des univers à cordes, qui explore l'éventualité de 13 à 26 dimensions, aussi vous comprendrez que je puisse m'interroger sur l'âme des objets usuels). Je n'ai cependant pas d'affection particulière pour un produit dont je garde un souvenir extrêmement douloureux. J'étais jeune, je partais en Ecosse (en car, depuis Genève, et je vous prie de croire que c'est également très douloureux comme souvenir), et vous savez comme moi que chez les Donald MacDonald, il sort des grêlons des cornemuses, même au mois d'Août. Alors bon, tôt le matin, je m'étais tartiné le visage d'auto-bronzant, histoire de faire croire aux copains que j'allais à Waikiki. En fin de journée, au niveau d'Aberdeen, j'étais orange, avec une belle délimitation au niveau des maxillaires. A l'auberge de jeunesse, ils m'ont utilisée comme panneau de signalisation, pour canaliser les entrées. En fait, j'aurais dû mettre un col roulé, mais cette année s'est avérée particulièrement chaude, et tout le monde a acquis un magnifique bronzage naturel pendant que je déclenchais des tonnerres d'hilarité dans les pubs.
Mais les années passent, et j'ai une peau de blonde. D'aucuns diront laiteuse et fine, je répondrai bidet; je me suis donc fendue de l'achat d'un spray censé me donner ce hâle ténébreux qui fait le succès des filles du Sud. Attention! Il ne faut ni s'habiller, ni s'asseoir, ni effectuer le moindre geste pendant les 2 heures qui suivent le tartinage, sous peine de se retrouver avec de grosses traces blanchâtres sur le haut des fesses. Défense absolue de se moucher, ou de se toucher le visage. Si une grosse araignée vient se poser sur ton nez, tu la laisses faire, tu la laisses te pondre ses oeufs dans une narine. Si c'est un bourdon, tu le laisses te butiner le groin. S'il te pique, tu auras une grosse cloque douloureuse, et disgracieuse, mais bronzée de façon homogène.
Le mieux, c'est de faire le poirier.
Je vais me permettre une autre petite critique: JE FAIS COMMENT POUR ME PASSER LE SPRAY DERRIERE ET SUR LES EPAULES? AVEC LA MAIN DU DOS??? Parce que merci bien, si c'est pour se faire un pile ou face sibérie-zimbabwé, je préfère passer mon printemps dans la grotte de frère Panayotis sur le mont Athos et rester couleur navet.
Un dernier petit hurlement, pour la forme. Je signale que lorsque vous venez de vous passez de l'auto-bronzant, il n'est pas raisonnable de vous lancer dans la confection d'un taboulé. Parce que même si vous vous êtes bien lavé les mains, elles restent grasses. Et lorsque vous ouvrez le sachet de semoule, IL VOUS RIPE DES DOIGTS ET VOUS VOUS RETROUVEZ AVEC UNE TONNE DE PETITS GRAINS SUR LE PARQUET (certains vont même se coller sur votre peau, ne les retirez pas, à cause des traces blanches. De toute manière, ça fait 3 heures que vous faites le poirier complètement nue dans l'entrée (à cause du vis-à-vis), vous avez le cerveau sur-irrigué et vous avez perdu tout sens de l'entendement, vous fredonnez une chanson de François Deguelt à l'envers et vous ressemblez à une tomate tueuse, il est donc inutile d'en rajouter).
Sinon j'ai bossé comme un rat vert, je suis nazouille comme jamais, je viens vous voir demain promis ( ptouiii je crache), et la vache Milka est presque dressée (weyyy ho). Vous, ça va?