C'est pas le tout de savoir vivre, encore faut-il en avoir

Bonjour; il est tôt, mais je sais que c'est ainsi que l'avenir m'appartient.  Et toc. Hier matin, il m'est arrivé un truc (enfin bon, ne vous attendez pas non plus à ce qu'il s'agisse d'une expédition dans les Carpathes à dos de poney poilu, je suis une faible femme)), Monsieur Triolin est venu constater que la fenêtre qu'il tente de réparer dans mon studio depuis 3 ans est bien toujours condamnée. Je tiens à le rassurer sur un fait précis, je n'ai pas l'intention de faire sortir de son cadre, et ce de manière frauduleuse, une vitre de 2M. sur 2, à l'aide d'une lime à ongle et d'un stylo. Chacun son boulot.

  Je crois avoir déjà mentionné les dimensions de mon studio, si tu mets dedans buster Keaton et Stan Laurel, tu as l'impression de payer l'apéro à Babar et Céleste, et tu pries pour qu'ils n'apportent pas des fleurs. Monsieur Triolin a toujours une phrase amusante en équilibre sur les commissures, du style "ben comme ça je ne vous perdrai pas". Hier, il a donné la pleine mesure de son humour en entrant avec un tonitruant "vous avez caché les compagnons de la chanson dans un placard?" (et les restes de Fred Mela, je te les sers dans une chaussette farcie?), ce qui ne m'a pas vraiment fait rire, surtout qu'il avait 2 heures d'avance. 8 heures du matin, pile l'heure où mes cheveux, rendus fous par la nuit, tentent une échappée vers la salle de bain. Et pile l'heure aussi où j'avais prévu de déménager le futon, qui est juste sous la fenêtre malade. Parce que je ne vais pas laisser monsieur Triolin marteler de ses grosses chaussures de sécurité ma délicate couette achetée avec amour et beaucoup de brouzouf, le sommeil s'habille chic quand on veut qu'il soit doux. Veuillez consulter le schéma ci-dessous pour vous rendre compte de la difficulté du XIIIeme travail d'Hercule (bon, les proportions sont ce qu'elles sont, je n'ai pas le compas dans l'oeil encore heureux, mais ça donne une idée; et si quelqu'un envisage une remarque désobligeante, je me ferai un plaisir de lui raturer le visage avec du papier de verre N° 12), j'en ai raz-le-bol (tiens, c'est rigolo, le correcteur orthographique me propose "bras-le-corps" à la place de "raz-le-bol". C'est un correcteur orthophonétographique, le must) de démarrer mes journées par un effort de culturiste, j'aimerais que Maciste soit disponible un peu plus souvent. Merci. Pendant que monsieur Triolin savourait son café d'une moue de gourmet, j'ai produit plusieurs sons, tour à tour gras (un vieux reste de gaufrette dans les bronches), haletants (un vieux reste de tabac dans les poumons) et trompettants (un vieux reste de rage au fond de la glotte) en soulevant mon matelas. Vous avez déjà déplacé un VRAI futon? Je passerais bien les balles de coton à l'analyse, je suis certaine qu'il y a des fémurs de Japonais à l'intérieur. Ce doit être d'ailleurs la raison pour laquelle je me réveille un jour sur trois avec une scie entre les vertèbres. Tout ça dans mon délicat costume nocturne, à savoir mon vieux pantalon Africain et mon marcel gris souris pourri. Pas de danger que de gaudriolesques pensées traversent le cerveau de monsieur Triolin, je dégage le même érotisme qu'une pile-bouton usagée (de toutes manières, monsieur Triolin ne me regarde même pas, il est occupé à renverser son café dans sa boîte à outils). Phase 1 terminée. Je décroche les rideaux et le store en bambou en montant sur une chaise posée en équilibre sur les lattes du sommier (ça ferait une belle attraction au cirque Medrano, quelque part entre Gugusse et les frères volants), monsieur Triolin savoure sa 3eme tasse de café en rigolant de guingoi, il sent bien que s'il émet le moindre son, il va se prendre une volée de clous dans la figure. Phase 2 terminée.

Je vous demande un tout petit effort d'imagination: le soleil est superbe; je suis en pyjama, je viens de passer 1 heure à transformer mon coin sommeil en bataille d'Austerliz, un gros type en salopette n'en perd pas une miette, sans pour autant lever le petit doigt pour m'aider (j'ai bien envie de lui planter une fourchette dans les reins mais il me semble qu'il a une ceinture Gibault, ce qui expliquerait son port altier à la limite de la morgue crasse), je tire le sommier en cassant 2 ou 3 trucs au passage, TOUT ÇA PARCE QUE ÇA FAIT 3 ANS QU'UNE DE MES FENÊTRES EST CONDAMNÉE A CAUSE DE CE GROS TYPE EN SALOPETTE QUI EST EN TRAIN DE BOIRE MON CAFÉ COMMERCE ÉQUITABLE ET QUI SE POINTE CHEZ TOI AVEC DEUX HEURES D'AVANCE ET UNE CAISSE A OUTIL QUI NE SERT A RIEN.

Enfin si, elle sert à faire "poc poc" sur l'encadrement. Parce qu'après avoir fait "poc poc" avec un petit marteau de duchesse pendant 10 minutes, comme s'il testait des réflexes, monsieur Triolin a mis ses mains sur ses hanches, il a secoué son cheveu, il a soupiré en faisant "hof hof hof " avec sa bouche, et il a dit qu'il ne pouvait rien faire pour l'instant parce qu'il ne savait pas si ce modèle d'encadrement existait encore. Qu'il allait se renseigner. Exactement comme l'année dernière et celle d'avant.

J'ignore ce qu'en pense mon propritaire, mais ça va lui faire cher le "hof hof hof". Remarquez, ce qui est super, c'est qu'il me reste un an pour fomenter un complot lors de la prochaine visite de monsieur Triolin. Lorsqu'il fera "poc poc " avec son marteau, ça fera tomber une enclume du plafond (bon, vous me direz, l'an prochain, j'habiterai une paillotte grand luxe à Waikiki avec George Clooney, mais nous importerons malgré tout monsieur Triolin pour réparer nos baies vitrées; et puis nous le jetterons en pâture aux requins)

Comments

[melle Bille]

Tidoigts, tu es certaine de ne pas préférer un rabot?
Pas par DHL, l'enclume; mais sur un tapis volant, ça risque de lester velu, princesse!
Posuto (et là, je soupire avec un rien de lassitude en secouant la tête et en faisant nttt nttt ntttt avec ma langue), avant d'être un chocolat, Leonidas était -roulements de tambours- LE ROI DES SPARTIATES BON DIEU!!!!!!! (mais je sais bien que tu le savais, allëï alleï)
Motpassant, des trucs, quoi...Et puis pour le yen a marre de George Clooney, ça va pas lui faire plaisir; c'est un garçon sensible, vous savez, il vient de perdre son cochon.

[motpassant]

Des trucs, voyons voir, des trucs ???
Mais quels trucs ???
Eclairez-moi !
Et puis y en a marre de George Clooney !

[Posuto]

Euh, c'est pas pour faire le pédant quoi que, mais les chocolats Léonidas ne seraient-ils pas belges ?..

[zelda]

l'enclume , j'ai du stock !

[tidoigts]

tu viens de détruire le mythe des "desperate housewives"? bien fait pour elles! parce que c'est vrai pour les mains noires sur les murs blancs, la boîte à outils sur le canapé en cuir, le gange dans les toilettes, les traces de peinture sur le tapis persan, je continue? bon, passe-moi le marteau de duchesse, j'm'en vas t'aider à le remodeler, l'ouvrier modèle, lol!