London4 (hé oui, une imagination sans bornes. C'est la recette de mon succès)
Si c'est social et réfléchi, je suis pour. Bien sûr que je suis pour. Le droit de grève est un droit inaliénable, jamais je ne le remettrai en cause.
Examinons les alternatives.
En taxi, à supposer qu'on ait de quoi s'offrir un taxi (25 livres pour faire environ 5 km. Ici, si tu t'offres un sandwich, tu peux rembourser la dette du quart-monde), il faut actuellement 3 heures pour se rendre du point A au point B (ne parlons pas du point L ou P, c'est le rebord du monde). Cela dit, encore faut-il trouver un taxi. Si vous faites une croix au pif sur la carte de France, en fermant l'oeil (celui qui n'est pas crevé), vous avez plus de chance de trouver le trésor de Montségur.
Qui, je vous le rappelle, n'existe pas.
Grace au ciel, les bus fonctionnent. Chouette. Cependant, ils ne sont pas si nombreux (je tiens à signaler que le n° 205 est un pur fantasme. Tout le monde croit qu'il existe, mais c'est une illusion collective, un truc de David Copperfield destiné à nous faire croire qu'il est le plus grand magicien du monde. Et réflexion faite, il l'est probablement, vu que tout le monde y croit. Normal, il tient sa technique de Garcimore ). Même à impérial, la capacité reste limitée. Ce qui n'est pas le cas de Londres.
Grace au ciel, il reste vos jambes. Chouette. Cependant, elles ne sont pas si nombreuses (enfin moi, je n'en n'ai que 5). Tiens, hier soir, j'ai marché exactement 3heures et 15 minutes pour rentrer à mon hôtel. Vous le croirez si vous voulez, j'ai mis la journée à m'en remettre. Le truc, en fait, c'est que vous n'avez pas le choix. C'est ça, ou vous vous allongez sur le trottoir, et vous attendez que l'armée du salut vienne vous proposer une soupe, et une bible. Après que les golden boys and girls de la city se soient essuyés les pieds sur vos bras. Et que les punks vous aient vômi sur la tête.
Sauf que l'armée du salut est coincée quelque part entre le point A et le point B. Elle ne viendra pas, vous allez mourir. Sans bible.
Autant marcher.
Vous avez 22 rendez-vous dans 47 points différents de la ville, c'est drôlement compliqué. Votre avenir professionnel dépend de ces rendez-vous. Bon, au pire, vous pouvez toujours vous trancher la gorge avec le daypass qui ne vous sert plus à rien mais qui vous a coûté 10 livres. Vous déployez des trésors de diplomatie pour annuler vos rendez-vous, vous faites vos interviews par téléphone, vaguement, vous n'avez pas vraiment la tête à ça, vous pensez à votre avenir professionnel.
La boule que vous avez au sternum est à peu près aussi grosse que vos cuisses, rendues granitiques grâce au 3.15h de marche de la veille. C'est toujours ça de pris. Tiens, regarde un peu, j'ai les cuisses de Swcharzenegger dans "Kalidor et la lampe qui pète"; mais je ne rentre plus dans mes pantalons.
Et puis tout d'un coup, vous vous rendez compte que vous participez à un moment. Qu'il faudrait sans doute savoir en tirer partie. Bien sûr, vous ne savez pas trop comment, alors vous ouvrez le mini bar et vous vous emparez joyeusement d'une mignonette de "famous grouse" à 4,50 livres.
Au point où vous en êtes, autant le vivre, ce moment.
By jove.