Un mois se déroule en principe dans les
Un mois se déroule en principe dans les conditions suivantes: Je suis grosso modo 1 semaine et demi sur le terrain, et 15 jours plantée devant mon ordinateur, l'oeil vitreux et le cerveau comme une masse calcaire, à tenter de mettre en forme quelques phrases que le rédacteur-en-chef s'empresse joyeusement de mettre à la corbeille, dans un grand éclat de rire mutin. S'ensuit en général une vaste pluie joyeuse de confettis désordonnés. Puis je passe 1 ou 2 journées à errer, nue et sans force, dans les couloirs de mon propre immeuble, et une ou deux alitée, le regard fixe, à dévorer tout ce qui me passe à portée de main, avec le sentiment mitigé du devoir accompli in extremis, dans les conditions les plus cahotiques.
J'ajoute que ces journée là, je ne me peigne pas.
Je viens à peine de quitter cette période de restructuration, il va d'ailleurs me falloir quelques heures pour découvrir par quel étrange mystère mes cheveux ont pu pousser de 2 mètres en 48 heures. D'autant qu'ils ont poussé frisés.
Sur le mois, il reste donc toujours un peu de temps libre que chacun utilise à sa guise, encore heureux. Certains d'entre nous vont chez le coiffeur, le résultat n'est d'ailleurs pas toujours à la hauteur.
Mais ceci est une autre histoire.
J'occupe ce temps libre à aller dans des endroits que mes amis refusent de fréquenter, pour d'obscures raisons. J'aime prendre la voiture, rouler, et m'arrêter, au hasard, dans un hôtel miteux typique. Je le choisis toujours miteux typique, car je n'ai pas les moyens de m'offrir un 5 étoiles (sauf lorsque j'y vais pour des raisons professionnelles, auquel cas je me fais un plaisir de saccager les draps, de déambuler de longues heures chaussée de douillettes pantoufles gracieusement fournies par l'établissement, et de vider le minibar avant de m'endormir, la bouche ouverte et les bras en croix, devant l'écran plasma, réglé sur une chaîne incompréhensible. Je suis très professionnelle, j'ai une conscience). Et je n'aime pas les chaîne hôtelières.
En congé, je refuse tout simplement de séjourner dans un hôtel où le propriétaire n'a jamais mis les pieds; Je comprends sa raison d'être, mais je nie tout bonnement son existence, ce qui est d'ailleurs réciproque. Les chaînes hôtelières et moi nous ignorons mutuellement, et le monde tourne rond.
Dans un petit hôtel miteux typique, on a toujours de merveilleuses surprises. Un lit conçu pour nain et fabriqué à partir du squelette d'une grosse caisse, des murs gazeux qui vous permettent de profiter de la passionnante conversation de vos voisins, quand il y en a, ce qui est assez rare, un concierge unijambiste, et tout un tas de petites anomalies, dont l'absence de café correct le matin n'est pas la moindre. Il est important que le petit hôtel typique miteux (ça change, j'aime bien) soit situé dans un quartier sordide ou, encore mieux, dans une campagne sordide. Ainsi, personne ne vous entendra hurler à la mort lorsque le garçon d'étage viendra vous faire la peau, vous couper vos deux mains et vous planter une paire de ciseaux dans les yeux, voler votre maroquinerie, et envelopper votre corps dans une couverture moisie rongée par les mites. Il ne vous violera qu'après, car il n'est pas bien malin.
L'orage apocalyptique qui ne manquera pas d'éclater couvrira le bruit des pelletés de terre qui tomberont sur votre corps sans vie, après que le garçon d'étage vous ait précipitée dans le trou creusé à cet effet.
On n'entendra plus jamais parler de vous, ni de votre maroquinerie.
Et votre voiture servira de maison pour les poules.
Ce genre de chose n'arrive jamais dans les chaînes hôtelières.
J'avoue me diriger 9 fois sur 10 vers la Suisse, pour le délicieux frisson d'exotisme que procure le fait de franchir une douane. Mais là n'est pas l'unique raison (je précise malgré tout que le fait de passer une frontière en chocolat est très émoustillant, ne serait-ce que pour le plaisir d'entendre l'accent du canton de Genève. Essayez donc de ne pas rire lorsque le douanier vous demandera si vous avez quelque chose à déclarer. Si vous y parvenez sans effort, c'est que votre vie est lugubre, j'en suis désolée). La Suisse, comme tout pays, est capable du pire comme du meilleur (sauf Waikiki, qui n'est capable que du meilleur), et je suis particulièrement fière de vous annoncer que je suis extraordinairement douée pour découvrir ce qu'elle a de pire en matière d'hôtellerie.
C'est donc d'un volant très joyeux, très expectatif, et très gourmand, que je vais m'éclipser 2 nuits, et je suis à peu près certaine de ne pas vous décevoir à mon retour.
PS: franchement, tout ça pour ça, était-ce bien la peine de mobiliser votre attention?