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Le Troisième Wagon
Le Troisième Wagon
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20 février 2008

"par les foudres de Béhémoth, sois maudit, sale pétoncle" murmura Paul sans détacher les yeux de Mac Dermott, cet ignoble salaud

Oui mais, cependant, j'exerce une activité pour laquelle je dois parfois faire des sacrifices. Me donner corps et âme sans rechigner, tester de petites choses idiotes, et, parfois même, mettre ma vie en danger. Une nouveauté chaque jour, c'est un métier.

Et c'est mon choix.

Et si j'ai mentionné le snowkite dans le billet précédent, ça n'est pas tout-à-fait par hasard. Non pas que je m'intéresse particulièrement à ce sport ridicule ( je trouve d'ailleurs pour le moins curieux que l'on fasse systématiquement appel à moi, lorsqu'il s'agit de faire un sujet sur LE domaine que je déteste le plus: le sport+ le ski+le froid+le danger+la vitesse. Compte tenu de mon grand âge, j'en viens à soupçonner un complot ); mais vous comprenez, on m'a obligée.wi07_snowkite

D'ailleurs, c'est vraiment dégueugueu, de profiter ainsi de ma bonté, et de mon pouvoir d'achat défaillant. Me refiler ce genre d'article, c'est de la cruauté pure.

Je vais donc vous demander d'être très empathique, et d'imaginer la chose suivante: Vous êtes au sommet d'une montagne battue par des vents glaciaux qui vous font sortir les yeux des orbites, et qui vous gèlent les oreilles. Vêtue avec la grâce que l'on sait, sanglée dans un harnais de parachutiste, aux côtés d'un type bronzé acajou, qui est obligé de vous enfoncer un porte-voix dans le tympan pour que vous compreniez bien les directives (à cause du vent, et des oreilles gelées). Avant la fin de la première phrase, une bourrasque va gonfler votre voile et vous faire décoller de plusieurs mètres en arrière, loin de votre moniteur, qui continuera de parler (à cause du vent, et du lingemanque de visibilité. Pour lui, vous êtes toujours à 2 cm de sa bouche, alors que vous explorez déjà la terre Adélie). Ne paniquez pas, une seconde bourrasque va vous faire chuter lourdement sur le sol bien damé, et vous traîner à toute berzingue sur plusieurs dizaines de mètres, pour vous ramener exactement à votre point de départ. Votre instructeur sera surpris de constater à quel point vous êtes attentive. Je ne saurais trop vous conseiller de vous munir de protège-joues, le frottement contre la neige gelée est très abrasif, et incroyablement douloureux (pensez aussi aux protège-dents, on ne sait jamais).

Mais tout le monde rigole, et vous voilà devenu la coqueluche des pistes. Dorénavant, on va s'arracher votre présence.

Surtout pour distraire les enfants, pendant que les adultes se défonceront au Red Bull avant de se livrer à tout un tas d'acrobaties puériles et dangereuses. Moi, mes parents m'emmenaient faire de la luge, une belle luge en bois. Ma mère marchait gauchement dans la neige comme une espèce de canard coiffé d'un bonnet, pendant que mon père applaudissait lorsque je prenais à 2 à l'heure un virage serré, sur un patin, et que je partais brouter la poudreuse comme un culbuto. C'était le comble du bonheur. Maintenant, les enfants voient leurs parents accomplir de superbes arabesques dans les cieux, et ils les applaudissent. bille_et_george

Ce qui n'est pas nécessairement pire.

Le snow-kite est une activité incroyable. Dès la première traction (je ne parle pas du galop d'essai navrant raconté plus haut, mais de la première véritable glissade, celle au terme de laquelle j'aurais dû, selon toute logique, chuter dans un abîme, m'emmêler dans une ligne à haute-tension, ou embrasser un poteau), j'ai senti une espèce d'ivresse s'emparer de tous mes membres. Toute frissonnante d'émoi, j'ai poussé un petit cri de ravissement, avant de décoller à l'horizontale, exactement comme superman (mais avec des habits différents, et sans la cape).

La force de traction d'une voile est stupéfiante. D'une seconde à l'autre, vous passez de l'état solide à l'état gazeux, et toutes les prières de votre enfance vous reviennent en mémoire sous forme compacte. Avant de vous lancer, regardez bien autour de vous, et ne croyez surtout pas que vous allez pouvoir vous livrer à de spectaculaires cabrioles maîtrisées. Mais vous allez enfin savoir ce que ressent exactement un macaron placé dans l'œil d'un énorme cyclone.

Certes, cette information n'a pas grande valeur. Mais qu'importe ton avis, manant, je contrôle la rédaction de ce billet aussi bien que ma voile, tu n'as aucun pouvoir céans, je suis le chef.

039_45125_Batman_Robin_PostersPar contre, il faut admettre que la présence de cette voile est bien pratique pour se jouer des obstacles, malgré son manque manifeste de maniabilité. J'ai ainsi frotté des pieds une poubelle, répandant du même coup un flot d'ordures sur la surface immaculée de la piste, mais sans dommages corporels. Sans mon indomptable cerf-volant, je l'aurais percutée de plein fouet. Je suis ensuite partie au petit bonheur la chance, tantôt les articulations en X, à quelques mètres de hauteur, tantôt traînée à genoux, puis à plat ventre, tout en râclant furieusement le sol de ma planche. Avec quelques variantes sur les flancs. Le tout à la vitesse du son. Pendant ce temps, mon moniteur devait être occupé ailleurs, à boire quelques vins chauds en surfant sur les vents. Je ne suis pas certaine d'être parvenue à trancher correctement la jugulaire d'un skieur avec le bord coupant de mon snow-board, mais je suis à peu près certaine de l'avoir assommé, avant de rebondir encore une fois vers les cieux, en arrière (le vent avait tourné), ma nuque traçant au passage un profond sillon dans la neige. J'ai émis un son inédit, il ne s'agissait peut-être pas de moi.

C'était vraiment divertissant, quoiqu'un peu fatigant.

Bref, au terme de cette ébouriffante expérience, je ne suis pas certaine d'être la personne la plus qualifiée pour parler correctement de l'ivresse du snow-kite, et de ses bienfaits.

Pourtant, je vais le faire, car je n'ai aucune déontologie.

Quelle honte.

BONUS!!!!!!!!  Le troisième wagon t'offre une vidéo qui ne te rajeunit pas: "ride like the wind", le "petit plus illustration" (mais regarde les lunettes du moustachu qui pianotte un des 37 claviers du clip, et tu mesureras toute l'étendue du temps qui passe).

Un jour, je serai fière de ce blog.

Mais morte.


PS: il faudra un jour qu'on m'explique la raison pour laquelle je choisis de tester une activité de plein air précisement le jour où il fait gris comme dans un cul d'âne. Je suis claquée, bonne nuit, faites de beaux rêves.

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Commentaires
S
Maintenant je sais quelle sera ma prochaine activité lorsque nous retournerons à la neige.<br /> <br /> Melle Bille, vous avez changé ma vie. Merci.
M
a la lecture de votre dernier billet, je m'en suis vaguement doutée, STV; je ne sais pas pourquoi, mais votre manque d'accents était à ce sujet assez significatif (car j'ai le plaisir de vous annoncer que non, vous n'avez aucun accent)<br /> J'ai donné le choix à la rédaction, Uma. Celui-ci, ou un autre un peu plus technique. Très curieusement, la rédaction a choisi le second.<br /> Herald, ça dépend un peu du nombre de picon-bière qu'il vous faut avaler pour connaitre l'ivresse. S'il suffit d'un galopin, je m'incline; mais s'il s'agit d'un tonneau, je ne suis pas convaincue.<br /> Patience, Président. Je viens de passer un des WE les plus amusants de mon existence, et je vais bientôt la narrer; mais j'ai aussi sous le coude un vieux truc qui passe avant la rédaction d'un billet; ça s'appelle du boulot.<br /> Sorry blood n' guts by jove tabernacle n'damned
S
(Saviez-vous aussi qu'en Nouvelle Zelande ils utilisent des claviers qwerty ? Ouais, hein ?)
S
Ah, bah vous savez bien que mon estomac prend une part importante de mes decisions (une partie de mon cortex est d'ailleurs localise pres de la paroie stomacale). Et que ma relation a l'Art est des plus dissolue. Doncm, on peut negocier.
H
"L'ivresse est à ce prix et c'est bien peu cher payé". Ha bon ? Personnellement, l'ivresse me revient encore beaucoup moins cher, le cours du Picon-Bière étant à cette heure plus démocratique que celui de la voile de Kite ; mais bon, c'est vrai que je vois petit aussi... Et puis peut-être qu'il y un peu comme une trouille de quitter ce monde en emportant comme dernière vision le regard incrédule et interrogateur d'un aigle ou d'un volatile générique des montagnes, me regardant partir vers la stratosphère pour ne jamais en revenir.
Le Troisième Wagon
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