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Le Troisième Wagon

Le Troisième Wagon
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27 avril 2009

Tu cliques et tu compostes

4eme_wagon

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3 janvier 2009

soc triennal

blog_en_jach_re

1 décembre 2008

Viens avec moi chez Barbapapa. C'est un ordre, ne discute pas.

C'est l'hiver qui frappe à notre porte, mes amis, allumons un grand feu. Hey.

Mais laissons là cette extraordinaire chanson, encore présente à tous les esprits, car non, il n'est pas question d'allumer un grand feu, surtout au fond d'une piscine. Il sera toujours temps de nous pencher plus tard sur la portée philosophique et sociologique de ces quelques paroles, je tiens d'ailleurs à votre disposition la thèse de Jacques Pétrocin-pétincou sur le sujet. Elle est assez bien fichue, surtout le passage qui explique de quelle manière le Grand Duc Malakoff s'est un jour endormi sur un rocher Suchard, mais halte là, mon ami, voilà que nous dévions (le verbe dévioner est assez peu usité d'ailleurs, on se demande bien pourquoi).

Bref.

bonnet_de_bain_a_pressionDepuis quelques semaines, mon bras gauche se conduit comme un goujat, il refuse tout simplement de fonctionner correctement. Un vieux proverbe ne nous dit-il pas, d'ailleurs, que le corps a ses raisons que la raison ne connaît pas? Si. Mais quand même, ça n'est pas une excuse. J'ai donc appliqué consciencieusement un marteau de taille respectable sur la tempe de mon médecin, afin qu'il me prescrive quelques séances de balnéothérapie.

Mais je vois que vous me jalousez; que vous vous dîtes: "que..quoi? Comment ose-t-elle réclamer le bon fonctionnement d'un membre dont elle ne se sert jamais, sauf pour peler une orange et encore?". Et vous avez bien raison. Mais n'allez pas imaginer qu'une balnéothérapie se fait à Ouarzazate dans une piscine suffisamment grande pour contenir le monde perdu ET ses animaux, c'est un mythe. Dans le cadre d'une rééducation fonctionnelle simple, une balnéo classique se fait dans un bassin de 6 mètres sur 2 dans lequel les praticiens tentent, avec plus ou moins de bonheur, de faire entrer le monde perdu ET ses animaux. Nuance.

Ce qui provoque nombre de situations cocasses et délicates.

Passe encore qu'il vous faille porter un bonnet de bain. Quoi que.   

A part les pinces à vélo, je ne connais pas un accessoire plus grotesque que le bonnet de bain. A supposer que vous parveniez à l'enfiler correctement (contrairement à ce qu'on essaie de nous faire croire, le bonnet de bain n'est pas en caoutchouc. Si c'était le cas, il ne vous comprimerait pas les tempes comme si vous aviez placé par mégarde votre crâne dans un casse-noix), il reste toujours quelques touffes de cheveux qui dépassent de chaque côté, ce qui ne manque pas de vous donner un petit côté Bozo du plus bel effet. Allez vous plaindre de douleurs articulaires avec un bonnet de bain sur la tête, vous allez voir comme on vous prend au sérieux. Je suppose que c'est d'ailleurs le but recherché.le_parrain

Si vous n'avez pas de bonnet de bain (non, monsieur le commissaire. Moi, j'avais un bonnet de bain. Ce sont les autres, là, qui n'ont pas pris leurs affaires. Moi, j'ai tout fait comme on me l'avait dit, monsieur le commissaire, j'ai pris un bonnet de bain. D'ailleurs, auriez-vous, par hasard, une paire de tenailles sous la main, que je puisse l'enlever rapidement? Je crois que mon cerveau n'est plus irrigué), on vous prête gracieusement une charlotte transparente. Croyez moi, il est extrêmement hasardeux d'entretenir une conversation sérieuse avec 3 personnes d'âge respectable coiffées de charlottes transparentes. Il arrive toujours un moment où vous n'avez plus le recul nécessaire. Je vous demande simplement de faire un petit effort d'imagination: toutes les personnes présentes dans le bassin viennent de faire face à d'impitoyables remises en question, chacune d'entre elles est une créature de Frankenstein couturée de haut en bas. Vous pensez sincèrement que les affubler de charlottes transparentes va les aider à reprendre confiance? Du coup, j'ai trouvé ma mission; car grâce à mon bonnet de bain, c'est pire. Et tout le bassin rigole.

Il est bon de se sentir utile.

Parfois, la kinésithérapeute part vaquer à quelques occupations, peut-être même en profite-t-elle pour aller faire un scrabble au sein de l'association de quartier, et vous laisse seule et désemparée pendant de longs moments. La consigne est simple: vous devez jongler avec de grosses masses colorées pendant qu'elle dispute un championnat de tranchage de billes de bois à mains nues dans le Saskatchewan(j'ai déjà vu ce genre d'ustensiles dans la chambre de mon neveu, mais je refuse d'imaginer que la kinésithérapeute fasse ses courses à King Jouet. Ce serait très déprimant).

On s'ennuie donc vite.

med_queer_fishing_lanceEn ce qui me concerne, j'ai trouvé la parade. J'esquisse quelques petits pas de danse à la Fred Astaire tout en jonglant, en prenant bien soin de le faire lorsque mes compagnons de bassin ont le dos tourné. ça marchait plutôt bien, jusqu'à ce que je découvre une petite caméra fixée au plafond. Parfait. La kiné va probablement croire que je suis sujette à des crises d'épilepsie incontrôlables, voilà qui devrait épaissir mon dossier, et favoriser son empathie.

Au bout d'un petit moment, lorsque tout le monde a pris ses marques, et est enfin parvenu à considérer la charlotte transparente comme un banal outil de communication, il est possible d'organiser une féérie des eaux tout-à-fait surréaliste. En gros, c'est comme dans "2001, l'odyssée de l'espace", quand les astronautes se laissent aller en apesanteur et font un peu n'importe quoi, mais avec beaucoup de rigueur scientifique. Les quilles de 2 kg s'échappent de vos mains et jaillissent au petit bonheur la chance, vous dérapez sur le sol et vous vous retrouvez à la surface,  flottant comme un "X" dessiné par un enfant de 5 ans, votre épaule vous fait un mal de chien et vous flanquez au passage, par mégarde, un bon coup de pied dans la charlotte transparente de votre voisine de banc, celle qui vient de subir une lobotomie délicate.

C'est très bon enfant.

La kinésithérapeute m'a annoncé que j'allais dès demain travailler au fond du bassin.

Avec un masque et un tuba.

J'en ri d'avance.

31 août 2008

J'aimerais tant voir Syracuse

Ironside_1_

Mon amie, mon lecteur, Montluçon, mon fils, ma bataille, montesquieu,glover2

New-York est une ville formidable.

Malheureusement, le temps manque.

Le boulot, par contre, ne manque pas.

Le gueux.

Je vous livre donc quelques clichés pris sur le vif.

Et je vous retrouve bientôt.

hawai_police_etat_s1_7

13 août 2008

haili hailo je retourne au boulot

Et pourquoi je n'irais pas à New-YorkNew-York je vous prie bien?

brooklynJamais je n'aurais crû ça possible, même si c'était prévu. Malgré tout, par acquit de conscience, j'ai tenu à obtenir l'aval de la faculté. "hello Django!" ai-je joyeusement apostrophé mon mécanicien en chef, avec tout le respect dû à son rang. "Hello Django!" m'a-t-il répondu (nous affectionnons tous deux les Django. Et même s'il ne s'agit pas des mêmes (lui opère en écoutant du Django Reinhardt, et j'apprécie les facéties vulgaires de Django Edwards. Chacun son truc, Dieu reconnaîtra les siens), cette affection partagée pour des prénoms improbables crée d'indéfectibles liens).

Certes, je suis encore un peu bancale, les secrets de la tour de Pise n'en sont plus pour moi. Des secrets. Certes, la température à New-York New-York au mois d'Août frôle le magma central, mais la climatisation n'est pas faîtes pour les pétoncles, et regarde un peu comme je te chaloupe du taxi à l'hôtel sans passer par la case trottoir (ah bon? La climatisation est faîtes pour les pétoncles? Bigre.). Et comme je te traverse Brooklyn en palanquin, avec des Nubiens tous nus pour m'éventer. Regarde, et apprends, jeune padawan.

Après un petit round d'observation au cours duquel il m'a palpée de haut en bas, provoquant ainsi de délicieux frissons (TOUT me paraît délicieux depuis quelques jours, même un doigt coincé dans un casse-noisettes, c'est étrange), Django a dit: "oui, allez-y Django, ça va vous faire du bien. Allez vas-y go go go vas-y melle Bille et rapporte moi une salade de la ferme communautaire Added Value de Brooklyn pendant que tu y es, et une petite poche à bonbon de Coney Island si ça n'est pas trop te demander Django melle Bille allez. D'avance merci, bien cordialement, Django".troy2

Aussi bien mon sang n'a-t-il fait qu'un tour, tu penses. "Avec un immense Volontiers" ai-je humblement répondu en courbant l'échine, limite obséquieuse. Mais c'est à cause de la cicatrice, en fait.

Quoi qu'il en soit, je n'ai plus un zloti en poche, il faut que je me remette au boulot.

Et je viens de faire l'acquisition d'une superbe gaine à boudins, le genre à tenir une nappe gazeuse droite. Ce qui n'est pas très sensuel, j'en conviens, mais personne ne m'a demandé de traverser Central Park en culotte, que je sache. Ni en sauts périlleux arrières d'ailleurs (autant que vous le sachiez, je refuserais, si d'aventure. Non pas que je veuille systématiquement bouder un bon moment, certes non, mais voyez-vous, j'ai fais une promesse. Il y a très longtemps, je me suis derrickengagée à ne jamais traverser Central Park en sauts périlleux arrières. Si je devais me parjurer, l'équilibre du cosmos en serait rompu, et nous sombrerions tous dans le grand oubli chaotique, et néanmoins primordial. Sachez le. Sans sandwiches. Alors non, je ne traverserai pas central park en sauts périlleux arrières, malgré ma sémillante gaine à boudins, il faut que vous le sachiez. Et si vous voulez, je conjugue encore une fois le verbe savoir. Sachiez.).

Je pars donc à New-York New-York demain, pour une semaine. Ce qui me parait complètement surréaliste.

Mais c'est la Loi.

Sachiez.

Sacha Pitoeff.

Satchmo.

Sache à vin (du verbe course en sacher).

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8 août 2008

Roland de Roncevaux avait un cors (au pied)

Salut les saucissons!

Oui, bon, c'est vrai, cette surprenante introduction frise le manque de respect, j'ai honte.

Mais si vous vous imaginez qu'une résurrection est chose facile, vous vous fourrez le coude dans l'essoreuse, rien n'est moins aisé que se ré-approprier ses fonctions vitales. J'en parlais récemment avec Roger Hanin, devant un haninpetit pastis-orgeat dans le port de la ciotat. A moins que ce ne fût à Bézauche sur Menoge, parce que finalement, la Ciotat, c'est assez moche. D'ailleurs, ça n'était pas Roger Hanin, c'était une poule d'élevage. Enfin bref, où j'irai, les potirons. Ah mais (pardonnez cette exubérance, somme toute relativement badine, mais incontrôlable, car voyez vous, je suis heureuse).

Oui, aujourd'hui, je bénis Thor, ses confettis célestes et son marteau chantant.

Je pourrais même embrasser Roger Hanin sur la bouche.

Pour la première fois depuis le 27 Mai, je n'ai pas mal.

A peine un ventre labouré de l'intérieur, à peine un nichon griffé, à peine un dos en compote.

wolverineCar il faut dire ce qui est: depuis le 27 Mai, j'en ai bien chié.

Pour ce retour en fanfaronnade, je vais un instant laisser de côté la dérision délicate, parce que je suis très fière. Si. Même s'il est meurtri, couturé de tous les côtés, un peu déformé, je suis fière de mon corps.

Et bigrement heureuse dêtre en vie.

Je suis passée par à peu près tous les stades de la douleur et de la peur, et la mort a toqué sur ma tête pendant 10 jours entiers, entre autres sous la forme d'une hallucination particulièrement pénible: un ange au visage dévoré de vers était assis à mon chevet et tentait de me tuer.

Il était aussi réel que mon percepteur, la morphine et la mort sont de grands pourvoyeurs de cauchemars.

Je suis partie dans un voyage sauvage et glauque, des yeux jaunes et glacés suivaient le moindre de mes mouvements. Attachée sur mon lit, je me croyais tour à tour sur les rives du Gange, ou sur un fleuve en Bretagne; ce lit d'hôpital, c'était mon Styx à moi. Et tout ça était si réel qu'encore aujourd'hui, je suis hantée par ces images, bien plus que par cette cicatrice qui me raye de haut en bas.

J'ai mis deux mois à me tenir droite. Dévorée par des visions terrifiantes, j'ai eu si peur que ma rate en a explosé. Il a fallu l'enlever. La pauvre n'a pas tenu le coup.

Mais moi si.

Et la prothèse qui remplace aujourd'hui mon circuit de distribution aussi. Un mécanicien de génie a ouvert tout grand le capot et m'a greffé un miracle.

La cicatrice, c'est la carte au trésor, celle qui protège le butin, et qui indique que la vie est là: je suis vivante.

Il me restait 6 mois à vivre, au plus, et j'avais une chance sur 4 d'être tétraplégique. Je ne l'ai appris que récemment. Cette information rend le voyage encore plus magique, et force un respect définitif pour la moindre parcelle de vie.ben_bille

Il y a 20 ans, une voiture a brisé mes os en 53 endroits, je n'aurais jamais dû remarcher. Deux années plus tard, je galopai, je nageai, je grimpai sur les montagnes, et j'oubliai du même coup à quel point tout ça était précieux, et court.

Cette piqûre de rappel arrive à point nommé, c'est une sacrée chance de respirer, de communiquer, d'aimer, et d'être attentif au moindre souffle.

Parce qu'un jour, les vers vont me manger.

Je suis vivante. 

Je marche, je ris, je vais pouvoir recommencer à faire tout plein de bêtises, j'ai une troisième chance. Comme si une créature magique me secouait dans tous les sens et me braillait dans les oreilles: "Tu vas finir par comprendre,  oui ou merde??!!!??"

Je crois que oui.

Cette fois-ci, je n'oublierai pas que je suis une enfant gâtée par la vie.

28 juin 2008

Bilan Kundera (elle est bien bonne)

Je suis revenue (prononcer cette phrase à voix haute, à l'intérieur d'un pot de yoghourt vide, avec l'intonation d'Orson Wells).

Mon nouvel équipement comprend, entre autres, une cicatrice qui ressemble à un chemin de fer façon far-west (les photos sont molemendisponibles sur le site de George Romero, section "mort-vivants", et dans un vieil épisode des mystères de l'ouest).

Merci à tous, vraiment. Mentions spéciales au Président, qui a supporté mes délires avec un stoïcisme remarquable, et qui  ne m'a pas giflée lorsque j'ai recraché son Pommard 2001; à Ardalia pour sa VRAIE lettre sur du VRAI papier avec sa VRAIE écriture; à Tidoigts pour sa présence et le petit Ganesh, à Madame de Keravel qui a bravé la circulation pour venir contempler l'étendue des dégâts ( Madame de Keravel est très pro, elle n'a pas ri).

Je vais revenir petit à petit, mais pour l'instant, j'ai encore un petit peu trop mal, et je suis fatiguée.Quasimodo_Naked_Gun_2
Je dois réapprendre à marcher, et à me redresser, cette allure de table basse (ou de mouton pour gymnaste) commence à me lasser.

Vous aussi vous vous lasseriez.

MERCI A TOUS ET A TRES VITE

26 avril 2008

La grande encyclopédie du jardinage: introduction

Je soupçonne les cardiologues de n'avoir aucun sens de l'humour. En tout cas, le mien n'est pas très drôle. Il me semble pourtant que si je passais mes journées à sonder l'organe noble et à découvrir de palpitants vices de procédure, je le ferais avec un gros nez rouge et des confettis dans la poche.

Pour détendre un chouia l'atmosphère.

Mais mon cardiologue est un sphinx. Je viens de passer quelques moments en sa compagnie, et je doute qu'il puisse un jour remplacer au pied levé le gugusse du cirque Knee.

c1Notez bien, ça n'est probablement pas le genre de promotion qu'il attend de la vie, je peux comprendre.

Vous êtes certainement très nombreux à avoir passé un scanner abdominal, mais pour moi, c'était une première. J'ai d'ailleurs fait un voeu pour l'occasion. C'est fou à quel point vous vous sentez démunie lorsque vous découvrez que vous avez mis vos chaussettes à l'envers, au moment de vous allonger, totalement vulnérable, sous une espèce de télévision psychédélique qui vous montre en gros plan vos organes internes. Curieusement détachée, vous contemplez un ensemble de viscères qui vous rappelle étrangement un film de série B: "le Blob". Le son est à l'avenant. Ce bruit de camion-poubelle, c'est votre flux sanguin, vous explique votre cardiologue d'un ton lugubre, avant de se pencher plus en avant sur l'écran et d'émettre une petit "ho" surpris, comme s'il découvrait un minuscule camion en plastique au fond d'une pochette-surprise de la taille d'un moulin.tetedecus

Vous, vous dîtes "qu'est-ce que c'est, mon bon docteur?", et il vous répond que vous avez un caillot dans l'aorte. Voilà qui corse légèrement une situation déjà relativement précaire. Vous vous demandez alors à quel moment il va découvrir une contrebasse ou un trident dans votre ventricule gauche, et vous essayez de vous souvenir à quel endroit vous avez garé votre vélo, des fois que. Peine perdue. Vous hébergez probablement les compagnons de la chanson dans votre cerveau, c'est la raison pour laquelle vos souvenirs sont imprécis.

Ensuite, après vous avoir oint l'ensemble du corps d'une espèce de gel froid et gluant comme de la colle à tapisserie, le bon docteur va vous déguiser en sapin de Noel en vous collant ça et là de petites ventouses en plastique, qui vont tomber les unes après les autres pendant qu'il aura le dos tourné. Votre électrocardiogramme est plat, ce qu'il ne comprend pas. Vous, vous savez qu'il est en train de prendre le poult d'une table chirurgicale, toutes les petites ventouses se sont détachées et gisent, orphelines, de chaque côté de vos flancs.

king_iMais vous n'osez rien dire.

Parce que le spécialiste, c'est lui.

Excédé, il va vous recoller les ventouses avec de la colle cyanolite, qu'il enlèvera ensuite à l'aide d'un scalpel très précis. Puis il va grommeler quelques mots en Araméen dans un énorme dictaphone, avant d'écouter à nouveau votre flux sanguin. Vous vous dîtes que le bruit produit pas les tonnes d'eau qui s'échappent du barrage des trois gorges doit ressembler à ça, et que vous êtes au bord d'une catastrophe écologique sans précédent. Vous le lui dîtes avec un faible petit sourire apeuré, ça ne le fait absolument pas rire.

Encore un râteau.

Puis votre bon docteur va vous remettre une liasse de diagrammes divers, et se mettre à délirer en vous parlant d'ouverture des sigmoïdes et de leur caractère échogène, de vos valves tricuspides, de votre anneau mitral, et de votre crosse aortique. Vous vous étonnez de la tournure ésotérique que prend cette conversation, avant que de réaliser qu'il doit être en train d'écrire un livre de science-fiction; et que son assistante lui a fait boire une potion hallucinogène à son insu.

"Avez-vous des questions?", va-t-il vous demander pendant que vous vous rhabillez, toute gluante, et que vous en profitez pour remettre vos chaussettes à l'endroit. Vous lui demandez alors si vous pouvez continuer à faire 4 heures de tennis par jour, un jogging, une via-ferrata, à avoir des rapports sexuels avec l'association de quartier, à poursuivre votre entraînement de femme-catapulte, et à apprendre par coeur les sonnets d'Ibn Al' Suleiman, le célèbre poète Persan du XIeme siècle.

Ce qui, une fois de plus, ne fera rire que vous.mesures

Avec le nombre de râteau que vous avez pris, vous pouvez envisager de remodeler l'ensemble du jardin botanique de Genève.

Mais comme le bon docteur n'a pas répondu à cette question, j'ignore si j'y suis autorisée.

De toute manière, je n'y connais strictement rien en jardinage.

Ce qui résoud bien des problèmes.

19 avril 2008

Dark Vador est une grosse tapette

Oui, j'ai effacé le billet précédent. Mais j'ai gardé les commentaires alors mouquette je vous prie bien.

moiseMais malgré tout, je vous dois quelques explications. Si si. Après, vous allez imaginer des choses, et la vie est déjà bien assez compliquée comme ça, allez. Je vais donc vous expliquer pourquoi fumer peut parfois s'avérer fort utile. Car si je n'avais pas fumé, je n'aurais pas vu la nécessité de contempler mes poumons par le biais d'une radio (mon médecin non plus, d'ailleurs, c'est un type bien). Je vous rassure, mes poumons vont très bien. Par contre, à la faveur de l'éclatante lumière d'un jour inondé de soleil, le bon docteur et moi avons découvert une excroissance suspecte, habilement dissimulée contre mon coeur, que j'ai fort rouge au demeurant. Un gros bébé de 8,2 cm, que nous avons immédiatement baptisé "anévrisme", car c'est un nom qui lui sied bien. Il s'avère qu'un anévrisme de cette dimension est à peu près aussi bienvenu sur une aorte que l'Alien de Ripley. Il peut en outre causer les mêmes dommages sjff_03_img1400corporels, en légèrement plus gore. Une bonne nouvelle cependant, les effets spéciaux sont gratuits.

Forte de cette nouvelle assez déstabilisante, je me suis évanouie de peur, avant d'aller voir un chirurgien. Pendant quelques jours, mon humour s'est échappé. C'est vrai, quand on n'est pas médecin, on imagine que ça peut péter à tout instant, et on se tient le thorax même lorsqu'on touille son café, histoire d'assurer à son aorte un minimum de protection.

C'est grotesque, je sais.

En découvrant la radio et ses conclusions, mon chirurgien a dodeliné du chef, s'est appuyé un instant contre la potence d'un de ses patients (qu'il exhibe dans son bureau, en écorché, comme preuve de son savoir-faire), a chancelé imperceptiblement, avant de me demander de m'asseoir et de se mettre à me parler comme à une enfant de 5 ans. En articulant bien. C'est à ce moment que j'ai réalisé à quel point il ressemblait à Patrick Mac Goohan.

prisoner26zxCe qui n'est pas nécessairement un signe de réussite.

Il a sorti d'un repli de l'espace tout un tas de petites prothèses en tissu (celles en or massif sont réservées à Liberace et à Elton John), me signifiant par là que je n'avais pas le choix. Nous avons envisagé un bref instant une opération au très cossu medical center de San-Diego, mais il semblerait que la sécurité sociale ne se laisse pas facilement convaincre. Trop chaud, trop moite, trop Pacifique. En toute simplicité, l'opération aura donc lieu aux abattoirs de La Villette, réalisée en odorama par John Waters ET Tim Burton.

Lorsque j'ai demandé au numéro 6 ( le prisonnier, suivez, bon Dieu!) à quelle date aurait lieu cette petite sauterie, il a balayé l'horizon d'un revers de la main, avant de lâcher un laconique: "avant-hier si possible".
C'était effectivement une bonne blague.

Et lorsque je lui ai demandé quels efforts je devais éviter, il m'a simplement répondu que "de toute manière, si ça pète, ça pète", que je fasse une compétition d'aviron, ou que je tape le carton avec Jacob Petticoat.  J'ai d'ailleurs apprécié ce cartésianisme, que je considère comme particulièrement respectueux. Sincèrement.

Comme mon plus gros effort consiste à éplucher une pomme de terre, je ne suis pas franchement rassurée, et n'ai pas, pour l'instant, superan_vrismel'anévrisme le coeur à me concentrer sur autre chose. Si j'écris d'autres billets avant l'opération,  ils risquent donc d'être un peu monotones, je vous prie de me pardonner pardon je vous prie donc. Mais peut-être ce blog va-t-il se transformer pour un temps en une mine de renseignements pratiques concernant le traitement des anévrismes géants. Ensuite, j'écrirai une encyclopédie. Je serai traduite en 47 langues, je serai célèbre, on s'arrachera ma compagnie.

Hé oui.

Voilà donc le pourquoi du comment du bidule précédent que j'ai crû bon d'effacer. Une fois la peur dépassée, une espèce de fatalisme joyeux vous saisit, vous mettez de l'ordre dans vos affaires, vous vous palpez de temps en temps le grumeau cardiaque avec une espèce de distance, vous vous demandez vaguement si c'est douloureux lorsque ça explose. Sans rigoler, je trouve ça assez logique.

Et vous regardez votre paquet de cigarettes avec une nostalgie très romantique.

Parce que c'est grace à lui que vous avez découvert que votre coeur s'est changé en citrouille.

Voilà pourquoi fumer peut parfois s'avérer fort utile.

11 avril 2008

Gloire à toi, J

"Laissez moi mourir, Doc, ça ne vaut pas la peine de s'acharner" murmurai-je, languide, au jeune médecin qui palpait habilement mon elixirsternum, et manipulait dans le même temps son stéthoscope comme s'il s'agissait d'une foreuse. Je reconnais que faire appel 2 fois à SOS médecins en 4 jours peut paraître un peu louche, à l'instar de ces femmes qui bouchent exprès leurs canalisations pour le plaisir douteux de converser fuite avec un plombier; mais j'ai deux bonnes raisons: l'apparition soudaine d'un désordre cutané aussi vilain qu'imprévisible, 24 heures après la prise des premiers médicaments ( en gros, mes mains et mes avant-bras ressemblent aujourd'hui à une planche d'anatomie illustrant la variole), et un léger doute quant à l'efficacité des remèdes prescrits par le premier médecin. Sans compter qu'on peut faire jouer les Gypsy Kings au complet sur mon front, ça ne les changera pas du brasero classique à la lueur duquel ils réinventent chaque jour l'art du chant grégorien, et dont ils se servent ensuite pour faire griller des sardines.

Avant d'aller fracturer le coffre fort de Roger Hanin.

J'ignore de quelle école de médecine sort ce premier docteur, mais je le soupçonne d'avoir complété sa formation avec un herboriste du parc de la Vanoise, ou un grand druide du "Breizh ma bro de Languivinec an eol ha zo glaz" de Brocéliande. Quasiment gazeux, il m'a auscultée comme on ausculte un parchemin rare, le visage affublé de ce grand sourire un peu niais qu'affectionnent Nicolas Hulot et Allain Bougrain-Dubourg ( maintenant que j'y repense, il avait même cette étrange coupe dehulot cheveux moyen-âgeuse qu'on retrouve sur certaines gravures d'époque ). Il a diagnostiqué une pneumopathie, mais m'a conseillé de faire fi d'une médication coûteuse et dangereuse.

Aussi m'a-t-il prescrit quelques placebo en "ium", du miel, une patte de lapin, et UN médicament à consonance vaguement allopathique. Il m'a ensuite recommandé de me frotter l'intérieur des poumons à l'aide d'une éponge naturelle. Pour finir, il m'a décrit les différents arômes des sirops Dollin, afin que je fasse le bon choix gustatif, et m'a caressé la cage thoracique, avec une infinie compassion. Puis il est parti en dansant comme un elfe, dans son sillage flottait une douce effluve de thym, il fredonnait une chanson de Maxime Le Forestier.

Deux jours plus tard, j'étais sans muscles, et la copropriété tenait ma toux pour responsable de la fissure de 3 mètres qui zébrait dorénavant la façade de l'immeuble. Et mes mains ressemblaient à celles d'un apiculteur novice, et imprudent.

les_affranchisIncapable de me déplacer normalement (je veux dire par là que j'aurais pu ramper, certes, mais ça n'est pas un service à rendre aux enfants), je rappelai derechef SOS, précisant cette fois-ci qu'ils seraient bien avisés de ne pas m'envoyer Nicollain Bougrhulot-Duboushuaïa s'ils voulaient s'éviter des dommages collatéraux fâcheux.

Je connais très bien les membres de la pègre Marseillaise.

Même, ils m'apprécient.

"Avez-vous de la fièvre?" se renseigna Leone ( ceci n'est pas un jeu de mot pourri sur la Sierra Leone. Cliquez sur le lien si vous l'osez). Je posai un carambar sur mon front, il fondit instantanément. "oui, il semblerait " répondis-je, de cette voix incertaine et galactique dont la maladie nous affuble tous un jour ou l'autre.

Manifestement, la technique du Carambar n'a pas encore reçu l'aval de la profession, car Leone me demanda de lui fournir de plus amples précisions. Je répondis très vite: "39,2". C'est triste de devoir mentir, mais nous ne sommes pas tous équipés comme le CHU de Grenoble, et je n'ai jamais été capable de décrypter un thermomètre, qu'il s'agisse de la météo du Cantal ou de la météo rectale.

Mettez ça sur le compte d'une insuffisance cérébrale, je n'ai pas honte.

Bref, dans les deux heures, un allopathe convaincu frappait à ma porte de son petit maillet à réflexes, et diagnostiquait dans la minute un début de pneumonie. Une vraie.temp_rature

Les jambes et les bras en gaz, c'est à cause du manque d'oxygène dans le sang. Du coup, vous vous déplacez comme un théorème mathématique.

Alors je veux bien croire qu'il ne soit pas nécessaire de faire appel au scalpel pour soigner un bouton de pus, mais le cataplasme de fougère macérée se révèle tout aussi inefficace sur une fracture ouverte.

Et les mains d'apiculteur, on s'en fout, c'est une allergie.

Probablement dûe à un des placebo de oui-oui le médecin de Francis Cabrel.
Celui qui exerce dans la cabane au fond du jardin.

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