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Le Troisième Wagon
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7 mai 2007

Al Gore, bath' chef (oui, je sais, c'est navrant)

les_Billes_en_famille            Vous allez dire que je me moque encore; c'est vrai, mais gentiment. Et puis j'ai le droit, parce que je suis certaine que vous aussi vous vous moquez des fois (allez, ne me racontez pas d'histoires, ça n'est pas bien malin de mentir, ça se saura et vous aurez l'air gnouf).

           Samedi soir se poursuivait le très fameux festival Inuit et Amérindien, avec une conférence sur la fonte des pôles. Très bien. J'y suis allée en fredonnant une petite chanson paillarde en chant de gorge (parce que la 5eme de Malher, ça ne rend pas très bien), pour me mettre dans l'ambiance. J'aime bien les conférences sur l'environnement, on y apprend que les tomates coeur de boeuf (non, ce n'est pas le nom d'un guerrier Hopi) sont aussi nocives que des piles bouton, et qu'il vaut mieux mettre un scaphandre pour traverser un champs de maïs (sauf ceux certifiés José Bové, avec le logo JB en crops au milieu du champs), à cause des radiations. ça vous donne une idée du futur assez apaisante. De toutes manières, après avoir vu le film d'Al Gore, "une vérité qui dérange", vous vous dites que vous avez toutes les chances de terminer vos jours en barboteuse gonflable, horriblement défiguré par des bubons pesteux, ce qui promet de franches parties de rigolade, surtout si vous comptez Yvan Rebroff parmi vos intimes. Ce qui n'est pas mon cas, je le déplore.

Ne boudons pas notre plaisir.

Il fallait s'y attendre, la conférence était quand même moins bien mise-en-scène que le film d'Al Gore, d'abord parce qu'elle avait lieu dans la salle "Eugène Verdun" du centre culturel. Je ne comprendrai jamais la raison pour laquelle ces salles sont invariablement meublées de vilaines chaises en plastique inconfortables et branlantes (n'allez pas me raconter que c'est une question de coût, même un tapis de fakir est plus confortable. Je te fais une descente aux scouts de Cluses et je te trouve un lot de chaises en bois plutôt jolies à 10 euros l'unité, tu n'as qu'à demander, j'y vais avec le camion de de Jaco), et de longues tables en formica imitation bois. Le genre de décors qui ne vous donne guère envie d'entonner un joyeux chant de gorge et de danser une mazurka (L'amphithéâtre dans lequel Al Gore nous effraie a l'indéniable avantage de feutrer la peur dans de gros fauteuils en velours. Assis sur du plastique gris moulé, il me semble qu'on affronte l'apocalypse avec moins de sérénité). Ensuite parce que le conférencier n'avait pas pu venir (sans doute retenu par une fonte impromptue, qui l'avait englouti sous la banquise, lui et sa horde de malamuts sauvages et baveux). Il avait été remplacé au pied levé par un glaciologue bicentenaire et barbu, qui devait officier depuis la nuit des temps dans les classes de CM1 et de CM2, à grand renfort de bons mots et de stencils un peu désuets. En guise de préambule, tout en manipulant nerveusement un ordinateur portable dont il ne maîtrisait pas tout-à-fait les fonctions (nous avons vu successivement apparaître une image de fleur, le parc de la Vanoise et le logo microsoft, ce qui a donné l'occasion au professeur de faire un bon mot: "ah, Bill Gates doit farfouiller là-dedans" (petits rires grelus des 25 personnes présentes). Ensuite, le premier montage a mis environ 10 minutes à se télécharger, d'où un second bon mot: "ah, Bill Gates doit faire un petit somme" (petits sourires grelus, toussotements, indice_graphique_2004_09_12râclements de gorge, léger début de fou rire incontrôlable de mon voisin et compagnon d'aventure, que je tiens à remercier publiquement pour sa constance à me soutenir dans les pires égarements). Finalement, dans un petit sautillement joyeux, la première photo du montage est apparue: une veille cabane en tôle pourrie posée comme un guano au centre de la banquise), en guise de préambule, donc, le glaciologue nous a avoué ne pas avoir grand chose à raconter sur la fonte des pôles, parce que ce n'était pas son boulot (compte tenu de son grand âge, je le pense effectivement plus au fait de la première glaciation). Parfait. Mais nous n'allions pas regretter d'être venus car il avait tout un tas de photos à nous montrer sur les aurores boréales, la flore et la faune en Alaska, et quelques graphiques raclés sur internet dans les années 90 qui pourraient peut-être nous renseigner sur le sujet préalablement programmé. Chouette perspective.

               Je ne voudrais pas être mauvaise langue, mais c'était quand même un peu confus. Parfois, cliquant sur la mauvaise flèche, le professeur faisait marche-arrière dans le diaporama ("ah! Bill Gates doit s'amuser avec ma souris!"), et nous présentait pour la quatrième fois une espèce de lichen un peu minable en annonçant d'une voix tonitruante: "L'ours! Le seigneur de la banquise!". Remarquez, un ours blanc présenté comme ça, ça effraie moins les enfants. J'ai beaucoup aimé les titres des photos, pleins d'esprit et de finesse; ainsi, au dessus de la tête d'un phoque étalé comme un X sur la glace: "une petite sieste?", ou encore "En route!", gravé en italique dans le sillage d'une baleine. Il y avait même des dialogues ("j'ai faim!" "moi aussi!", s'apostrophaient deux volatiles en train de se disputer un vieux reste de sandwich à la mortadelle habilement laissé là par le professeur). Chacune de ces illustrations déclenchait invariablement une série de petits gloussements bon enfant que le professeur savourait avec fierté; il nous laissait le temps de profiter pleinement de ses trouvailles ingénieuses, il ménageait ses effets. J'ai bien ri.poisson5_logo

               Troisième et dernière partie, les graphiques. Tous estampillés de dates fantaisistes (1983, 1995, 1987, -502 av.JC, c'est à croire que l'ordinateur du professeur est coincé dans une dimension spéciale qui le condamne à ne jamais franchir les portes du XXIeme siècle), aucun ne fut assorti du moindre commentaire (pour ce que j'en sais, il aurait pu tout aussi bien s'agir de la courbe démographique ursine comparée à celle des hannetons, ou la progression des 3 AOC fromagères des savoies), sauf une capture d'image Google Earth pour laquelle nous avons eu droit à un "regardez comme c'est beau la terre vue de l'espace". Pour sûr, c'est drôlement beau; mais à ce stade de la soirée, j'avais les fesses ravagées par le plastique moulé, la bouche pâteuse, et le regard mort d'un poisson des abysses, du diable si j'étais en état de m'esbaudir sur une capture d'image que j'aurais très bien pu regarder chez moi, de mon futon, un petit verre de côte-rôtie à la main.

       Nous avons eu droit à un apéritif après la conférence; c'était un punch très curieux, jaune, avec de petits machins blancs qui flottaient à la surface, comme des yeux de bouillon mais en version compacte. J'ai vérifié, ce n'était pas de petits morceaux de banquise, ça avait un goût. Indéfinissable. Mon camarade et moi avons entamé en sourdine un petit chant de gorge pour fêter ça, à l'abri des regards, avant d'éparpiller discrètement nos punchs respectifs dans une pauvre plante verte qui n'y était pour rien, mais la vie, c'est comme ça, c'est toujours le plus faible qui ramasse.

Si le professeur avait pris une photo de ce moment, il aurait pu l'appeler "quelle bonne soirée!"

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------PS: Hier soir, nous avons pris une claque, c'est vrai. Mais un beau mouvement est en marche, et nous serons très nombreux à ne JAMAIS baisser les bras, et à nous mobiliser encore et encore contre les avaleurs de liberté et de vérité.

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Commentaires
M
mon doux!!!! ça faisait longtemps!!!!
N
moi aussi, de temps en temps, je me moque ;-)<br /> Tout va ?
M
On peut rire de tout, même des plantes vertes (qu'elles crèvent) mais pas avec n'importe qui, Posuto; et surtout plus maintenant;-)))<br /> mais tant que nous aurons de l'espoir et de l'humour, rien ne sera perdu. Et j'en suis plus que convaincue.
P
...et personne pour se soucier de cette plante verte ? Où sont donc passées ces traces d'humanité, qui, hier encore...<br /> Bref, cette attaque gratuite contre un végétal innocent n'est que du sarkozisme mal déguisé.<br /> Nous sommes contagiés ! (et en plus c'est un mot qui n'existe même pas).<br /> Help !<br /> <br /> 1er degré :<br /> Et merci, c'est con, mais merci pour les rires dans toutes les lignes du haut, et pour l'espoir dans les trois lignes de la fin.<br /> <br /> Zérozième degré :<br /> Y'en a pas (j'ai pas des pouvoirs psychédéliques, non plus).<br /> Kiki
M
Tilu, au moins, dans la quatrième dimension, il y avait David Vincent!!!<br /> EPQ, c'est pas sympa de te moquer des voisins<br /> MadameDeKermutuelle, je pense que c'est une erreur...;-)))<br /> Tidoigts, c'est vrai que j'ai bien ri. Depuis toujours? C'est vrai?<br /> Elda, tu serais morte de rire, c'était exactement le même type de personnage, en encore plus allumé et désuet! ce doit être effectivement une spécificité du coin...<br /> hepao (mais assez haut quand même il faut dire), je vais demander à mon homme de main de lui faire livrer des fromages.Gniarc gniarc
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